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Vie
12.16.04
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Chicoutimi, Québec, Canada
Si l’on devait désigner un seul endroit comme La Mecque des vélos en aluminium, je n’hésiterais pas et je rebaptiserais Chicoutimi en « Vallée de l’aluminium ».
Chicoutimi, Québec, Canada
Si l’on devait désigner un seul endroit comme La Mecque des vélos en aluminium, je n’hésiterais pas et je rebaptiserais Chicoutimi en « Vallée de l’aluminium ».
Courir en Coupe du Monde
Gabe Fox, qui travaillait auparavant chez Cove et Evil, s’est joint à l’équipe, amenant du coup avec lui le descendeur de la Coupe du Monde, Steve Smith. Imaginez un peu : Steve, un Canadien de l’Ouest, qui pilote la nouvelle version du Wilson, un vélo de descente canadien.
Fait au Canada
La conception, la fabrication, l’usinage, le traitement thermique, les essais de fatigue, la peinture, le montage des roues et l’assemblage final.
Chicoutimi
L'intérieur de Cycles Devinci | « Laisse faire les omelettes, Steve, on doit partir. » Nous sommes lundi matin, au lendemain de la course du Mont Sainte-Anne, la 4e épreuve du circuit de la Coupe du Monde de descente, et Gabe Fox (gérant chez Devinci, entre autres choses!) tente d’arracher une poêle des mains de Steve Smith, descendeur pour Devinci sur le circuit de la Coupe du Monde, et de le faire sortir de l’appartement pour embarquer dans la fourgonnette où son coéquipier, George Brannigan, et le mécano Nigel l’attendent. Alors que le reste du cirque de la Coupe du Monde migre vers le sud pour se préparer à l’épreuve de Windham (É.-U.), qui a lieu le week-end suivant, je conduis ma voiture de location vers le nord en suivant le camion de Devinci Global Racing sur la route 175. Nous traversons le Parc national des Grands-Jardins, une épaisse forêt de conifères où des caribous gambadent, afin de nous rendre à la ville industrielle de Chicoutimi. Notre but : faire un petit saut à l’usine de Devinci Cycles et, oh oui, possiblement cuisiner une omelette pour Stevie.

Si l’on devait désigner un seul endroit comme La Mecque des vélos en aluminium, je n’hésiterais pas et je rebaptiserais Chicoutimi en « Vallée de l’aluminium ». La ville ressemble un peu à Silicon Valley, mais avec plus de bauxite et moins de silicium. C’est ici qu’est située l’usine Alcan, la plus grande de ce genre au Canada et possiblement dans le monde. C’est aussi ici que ses chaudières énergivores utilisent l’énergie hydroélectrique produite par les vastes courants d’eau des environs. Une fois que le matériel brut, en l’occurrence la bauxite, arrive du Brésil par bateau, le processus d’alchimie moderne peut se mettre en branle. Il y a ici des réserves quasi inépuisables d’aluminium, ce qui avouons-le, est plutôt pratique pour une compagnie de fabrication de vélos.

Léonard comment déjà?
Petite leçon d’histoire. En 1987, la compagnie Devinci, qui s’appelait alors Da Vinci (en hommage à Léonard Da Vinci), a été fondée par deux étudiants en génie de Chicoutimi qui voulaient fabriquer un vélo à position allongée dans le cadre d’un projet universitaire. Une fois l’engin complété, ils se sont ensuite attaqués à des vélos plus traditionnels. Peu de temps après, un entrepreneur en vélos de route de la région de Québec, Félix Gauthier, a fait leur connaissance et, comme il aimait bien leur travail, leur a demandé s’il pouvait faire partie de l’aventure. Dès 1990, Félix achetait la moitié de la compagnie et décidait de changer le nom pour Devinci.

Les débuts furent passablement difficiles. La jeune équipe rencontra des difficultés initiales avec le traitement thermique des cadres en aluminium. En effet, à un moment donné, on retournait plus de cadres à l’usine que l’usine ne réussissait à en produire. La compagnie se trouvait à la croisée des chemins. Plutôt que d’écouter le comptable qui lui conseillait d’abandonner son rêve et de tout vendre, Félix se fie à sa passion et à sa volonté de réussite : il renvoie sur-le-champ le comptable en question et investit de l’argent dans des employés de qualité; embauche des ingénieurs qualifiés et des techniciens; augmente la recherche et le développement; rehausse les standards de qualité et développe la compagnie davantage. D’ailleurs, bien des employés sont là depuis les débuts. On peut nommer entre autres Michel Giroux, qui, il y a 16 ans, a été embauché comme ingénieur et qui, aujourd’hui, fait partie de l’équipe de conception.

Durant les premières années, Devinci concentrait presque exclusivement ses activités sur le marché canadien. Conséquemment, elle mettait l’accent sur la production de vélos freeride tels que le Kamikaze, le Banzai et plus tard le Ollie, sorti au milieu des années 90. La compagnie s’occupait aussi de vélo de montagne comme en fait foi la présence d’Andrew Shandro sur l’équipe Ford/Devinci. Néanmoins, elle fabriquait déjà différents types de vélo; d’ailleurs, elle poursuit toujours dans la même veine. Devinci fabrique des vélos de route, des vélos urbains, des vélos d’enfants, sans compter une bécane à l’allure bizarre : le Bixi, qui fait dorénavant partie du paysage des grandes villes internationales. Elle compte maintenant environ 106 modèles différents de vélos. C’est énorme quand on y pense; c’est encore plus impressionnant si on pense que la très grande majorité de ces vélos sont produits dans une usine d’une petite ville du Québec.

Mais, revenons à nos moutons. Au début des années 2000, Devinci reprend du poil de la bête et tire son épingle du jeu sur le marché canadien. Toutefois, ce n’est qu’en 2008 qu’elle réussit vraiment à attirer l’attention du public, à la sortie de la nouvelle version du Ollie et à la première apparition du Wilson. À l’époque, c’était la folie du Red Bull Rampage et quelques-uns des coureurs roulaient sur du Devinci, ce qui a permis à la compagnie de profiter d’une couverture médiatique internationale. À cette étape de sa vie, elle était bien peu représentée à l’étranger, concentrant plutôt ses affaires sur le marché canadien. Elle possédait bien un représentant en Espagne, un en Grande-Bretagne, quelques détaillants américains, mais sans plus. Lentement mais sûrement, des adeptes de la compagnie ont fait sentir leur présence un peu partout sur la planète; on commençait à parler de la compagnie et on voulait essayer ses vélos. Mais il y avait encore un problème : le train-arrière des vélos de montagne Devinci était toujours équipé avec du FSR (breveté par Specialized), ce qui avait des conséquences légales pour la vente de vélos aux États-Unis. Pour s’imposer aux USA, Félix et compagnie devait concevoir une nouvelle forme de suspension.

L'arrivée de Dave Weagle!
Il est intéressant de noter que Félix avait déjà fait la connaissance de Dave Weagle quelques années auparavant et que Devinci fabriquait même le vélo hardtail de Evil Imperial quand DW possédait Evil. L’intégration de la plateforme Split Pivot à la gamme tout-terrain (Wilson, Dixon et Dexter) a eu tôt fait de transformer ces bécanes en objets de convoitise. Les choses s’accéléraient maintenant pour Devinci. Gabe Fox, qui travaillait auparavant chez Cove et Evil, s’est joint à l’équipe, amenant du coup avec lui le descendeur de la Coupe du Monde, Steve Smith. Imaginez un peu : Steve, un Canadien de l’Ouest, qui pilote la nouvelle version du Wilson, un vélo de descente canadien. Cette année-là, Smith a connu un succès fou avec le Wilson en terminant semaine après semaine dans le top 10. Il est même monté deux fois sur le podium avant qu’une malencontreuse chute à Val di Sole ne mette fin à une première saison étincelante.

Chez Devinci
De quoi l’usine Devinci a-t-elle l’air? Elle est située dans un quartier industriel en banlieue de Chicoutimi près du boulevard Saint-Paul. De plus, elle se trouve à deux pas de sentiers de vélos de montagne où l’on teste régulièrement les vélos. C’est un bâtiment blanc plutôt discret, avec une drôle de créature terrée près de l’entrée principale (probablement une marmotte), qui abrite l’une des usines les plus propres qu’il m’ait été donné de voir. Ce qui m’a le plus frappé, c’est que tout était incroyablement immaculé et organisé. Tous les écrous, boulons, baguettes à souder étaient rangés à leur place. Bon d’accord, pour la marmotte on repassera, mais le reste était aussi propre qu’une clinique. Lors de ma visite, ce n’était pas une période de l’année particulièrement occupée. Néanmoins, on sentait qu’on devait s’essuyer les pieds deux fois plutôt qu’une avant de s’avancer plus loin.

Tout le processus de création de Devinci se passe sous un seul et même toit. Les matériaux bruts, incluant l’aluminium de la région, arrivent à un endroit de l’usine et les vélos complets ressortent à l’autre bout. En fait, ce n’est pas complètement vrai. Les tubes du Wilson sont expédiés en Extrême-Orient pour être hydroformés avant d’être renvoyés au Québec pour l’assemblage. Toutes les autres étapes ont lieu sur place : la conception, la fabrication, l’usinage, le traitement thermique, les essais de fatigue, la peinture, le montage des roues et l’assemblage final. Sans oublier les tests de pointe sur les vélos qui mesurent le stress et la tension dans des situations réelles. Il est facile d’évaluer la valeur et l’efficacité d’une telle approche. En effet, tout changement dans la conception d’un vélo peut être testé rapidement; on fait ensuite la transformation et on renvoie la machine sur la ligne de production, ce qui épargne bien du temps. On n’a qu’à emprunter un corridor et demander à Alex le soudeur d’apporter les modifications (Bon, c’est un peu simpliste comme explication, mais ça donne une idée générale).

L’avenir?
L’appellation « fabriqué au Canada » a peut-être perdu de son lustre au cours des dernières années, mais pour les mordus, la possibilité de fabriquer des vélos à la main au Canada, et ce, à un prix équivalent aux vélos faits en Extrême-Orient, est un facteur considérable. Ultimement, si le Wilson ou le Dixon sont tout carbone, ils devront être fabriqués outre-mer, mais ces vélos ne représentent qu’une infime partie de la gamme Devinci. Le président Félix Gauthier a investi 25 ans de sa passion dans Devinci et ses employés afin d’élever la compagnie au rang des grands joueurs du monde du vélo. Cet esprit de groupe tissé serré est d’ailleurs la pierre angulaire du succès passé et du succès à venir.

Écrit par Billy Trailmix
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