Essai à long terme du Wilson | Nous y voilà. Nous nous entretenons avec le futur éditeur de Bike Magic, James Mcknight, celui qui essaie de nous faire croire que les temps sont difficiles alors qu’il mène la grande vie en Europe. Au cours de l’été, il a tissé des liens avec le Wilson, vélo de descente Devinci, qui est notre vedette du mois. Par Steve Jones.


Donc, James, dis-nous où tu habites et dans quels types d’endroits tu aimes rouler?

- J’habite dans le Wiltshire, région connue surtout pour ses pierres anciennes que l’on retrouve sur les sites de Stonehenge et de West Kennet Long Barrow. Je me promène partout en Europe et même parfois sur d’autres continents. Cette année, je suis entre autres allé en Italie, dans les Alpes françaises et suisses ainsi qu’en Espagne. Je suis sur le point de déménager à Monmouth au Pays de Galles, où j’occuperai sous peu l’emploi d’éditeur chez Bike Magic. Mon style? Assez relaxe, j’aime garder un bon rythme. Je fais de la descente depuis l’âge de 12 ans, mais je ne me suis jamais limité à ce type de vélo.


À quelle fréquence roules-tu?

-Chaque jour, dans une bonne semaine. Mais ces derniers temps, ça se limite à quelque fois par semaine. Disons que ça varie selon la période de l’année et selon mes occupations.


Auparavant, tu roulais avec un Specialized Demo, qui, je crois, possède plusieurs points en commun (forme, style et suspension) avec le Wilson.

-Hmm, je mettrais un bémol à cette affirmation. Côté similarité, je note qu’ils ont été conçus pour gagner des courses et que les deux donnent du plaisir à rouler. Mais, le Demo possède un train avant long et un train arrière court. À première vue, le Wilson me semblait très court, mais finalement il est bien équilibré. Son système de suspension est bien centré et bas, ce qui donne une bonne adhérence au sol et une excellente prise dans les virages.


Tu es appelé à voyager un peu partout, où as-tu roulé avec ce vélo?

-Au printemps, j’ai roulé en Angleterre et au Pays de Galles; en été, je suis allé dans les Alpes où je l’ai utilisé dans ma « terre d’adoption spirituelle », à Morzine, et dans bien d’autres endroits. Récemment, j’ai renoué avec premières amours en faisant du vélo dans la forêt. J’adore rouler dans la boue et les petits cours d’eau avec des pneus à clous qui n’ont posé aucune difficulté au vélo.


Tu es sur le point de déménager à Monmouth dans le Sud du Pays de Galles, est-ce que tu vas continuer à rouler sur le Wilson?

-Bien sûr! Dès que j’aurai du temps, j’irai à la Forêt de Dean où, avec un peu de chance, les gens du coin me feront découvrir des sentiers qu’eux seuls connaissent. En fait, je déménage à Monmouth en partie pour mon nouveau travail, mais aussi pour me rapprocher de sentiers de qualité où il y a un service de remonte-pente à longueur d’année. De cette façon, je pourrai rouler plus souvent tout en dépensant moins d’argent pour l’essence et les voyages.


LE VÉLO


Est-ce que le look du vélo te plaît?

-Mets-en. J’adore la combinaison du rouge et du blanc. L’autre jour, je suis allé au pub de ma sœur pour le montrer aux gens du coin, et ils ont été aussi impressionnés que moi.


Pour ce qui est des angles et de la grandeur, tu as opté pour du medium?

- En effet. Je suis de taille moyenne et j’ai tendance à croire que ça me prend un vélo de même grandeur. Au départ, il me semblait un peu petit comparativement au Demo, mais je me suis rendu compte que j’avais cette impression parce que le Demo avait un long train-avant. Le Wilson me semble maintenant parfait depuis que je m’y suis habitué. Je sais, je sais, je n’ai que des éloges envers le Wilson. Mais, mais que veux-tu, il me plaît vraiment.


Ce vélo possède des caractéristiques exceptionnelles. Peux-tu nous expliquer ce que sont le Split Pivot, le Intelligent Link et la Full Response Geometry?

-Que dire de plus! Personne ne sait vraiment ce que ça veut dire! Je n’y fais d’ailleurs pas exception. Blague à part, la géométrie du vélo est bien conçue. Entre autres, j’ai apprécié le confort qu’offrent l’empattement et le poste de pilotage, et le fait que le vélo reste toujours en contrôle. Je suis allé sur le site Internet de Devinci pour comprendre le fonctionnement du Split Pivot, mais les quelque 10 000 mots d’explication ne m’ont malheureusement pas éclairé. En gros, la suspension est bâtie autour d’un large pivot centré et bas. Mais un autre pivot est positionné dans l’axe arrière, ce qui aide à séparer les forces de freinage et de pédalage. Ça ressemble pas mal au système ABP de Trek. De cette façon, le vélo reste très souple dans les petites bosses avec une suspension qui semble infinie. En tout cas, même si l’explication n’est pas parfaite, la suspension, elle, l’est.


Depuis quand pensais-tu essayer un vélo Devinci?

-Honnêtement, depuis que j’avais vu leur Dixon. Ça me semble être une super bécane, bien que je ne l’ai essayé que dans le stationnement. J’ai commencé à m’intéresser à leur vélo de descente en raison des résultats de Steve Smith. Ses succès sont un super coup de pub pour Devinci!


Quelles ont été tes premières impressions à la réception du Wilson? Dans quelle mesure la hauteur d’enjambement, l’angle principal et l’empattement contribuent à lui donner la manœuvrabilité que tu nous vantes sans cesse?

-J’ai fait quelques sauts avec le Wilson dans le Wiltshire et il m’a fait bonne impression. Mais, ça faisait un petit bout que je n’avais par roulé sur un vélo descente, et je me suis rendu compte que ce genre de sentiers n’était pas le plus adapté pour ce type de vélo. Son premier vrai test a été à Innsbruck en Autriche sur une piste de descente officielle, que l’on considère comme la plus difficile au monde. J’ai fait une bonne descente, mais je trouvais l’angle un peu trop prononcé. On peut régler la géométrie du Wilson légèrement. L’angle le plus relâché est de 64°, ce qui, selon les standards actuels un peu fous (Mondraker, etc.), est prononcé, mais raisonnable dans la majorité des sentiers, excepté ceux qui sont hyper abruptes. L’empattement est bon. Je le trouvais un peu court au début, mais le vélo ne m’a jamais paru instable. J’adore la forme du cadre qui nous donne l’espace nécessaire pour manœuvrer à notre aise dans les sections techniques.


As-tu joué avec les réglages hi/lo?

-Non, je l’ai laissé au plus bas. Je ne voudrais pas que l’angle soit plus prononcé.


LES COMPOSANTES


Comment sont les composantes?

-Rien de particulier à signaler, mais l’ensemble est très bon et fiable.


As-tu remarqué une faiblesse dans les composantes?

-Non, pas vraiment. Peut-être les freins.


En gros, est-ce que les composantes sont bien choisies pour ce type de vélo?

-Je dirais que oui. Je n’ai changé que le guidon. Le vélo est équipé d’un guidon Truvativ Boobar, qui fait très bien le travail, mais qui est trop plat à mon goût. C’est pourquoi j’ai changé pour un guidon courbé plus élevé. Le vélo est équipé de composantes de haute qualité qui complètent bien le cadre.


Qu’en est-il du prix?

-Sans surprise, le Wilson coûte très cher, comme tous les vélos de descente. Néanmoins, je crois qu’il offre un excellent rapport qualité-prix. Et les chances sont minces pour qu’il craque, qu’il bosse ou qu’il plie.


L'ESSAI


Depuis combien de temps roules-tu avec ce vélo?

-Depuis près de huit mois.


Comment a-t-il survécu jusqu’ici?

-Plutôt bien. La peinture tient le coup. Mais, les roulements du cadre principal ne sont pas en très bon état, ce qui semble être un problème à l’occasion. Les roues sont un peu bossées, mais c’est de l’usure normale. La suspension arrière aurait besoin d’une mise au point, ce qui est aussi normal en raison du nombre de fois que j’ai roulé avec le vélo.


Et la suspension? Les réglages?

-La suspension est stable et se révèle efficace en toutes circonstances. Apparemment, chaque Wilson est doté d’une fourche Fox ajustée sur mesure. En fait, je n’en doute pas étant donné que le vélo est super fluide tout au long du débattement.


Et la fourche?

-Bien. Comparativement à la fourche BoXXer Air que j’ai eu il y a plusieurs années, il y a eu beaucoup d’améliorations. Elle est facilement réglable et souple. La majorité des gens intéressés par ce vélo ont noté sa légèreté qui est en partie attribuable à la fourche.


Y a-t-il des réglages recommandés pour cette suspension? Si oui, est-ce qu’ils te conviennent?

-En fait, le guide d’installation de RockShox est le plus simple de toutes les compagnies de suspension. L’installation s’est donc faite sans problème. Cela dit, j’ai utilisé une suspension avec chambre à air qui agit comme ressort mais je l’ai ajustée selon mes réglages. L’amortissement en compression fonctionnait à fond dans les pistes abruptes en montagne, ce qui m’a permis de garder l’avant du vélo en position élevée; j’en ai eu moins besoin en Grande-Bretagne, où je préfère que la roue avant soit plus dynamique. En plus, la fourche est facile à ajuster, et on trouve de bonnes informations d’installation dans le site Web et les guides de Fox. Par contre, j’ai moins apprécié le texte de présentation du Wilson sur le site Internet de Devinci. Il est très difficile de s’y retrouver et les explications sont compliquées.


Et qu’en est-il des pneus?

-Rien à redire sur les miens, des pneus Maxxis Minion.


Est-ce qu’on peut utiliser des boyaux?

-Non, mais la plupart des coureurs de descente changent leurs pneus si souvent qu’ils ne seraient pas dérangés par les boyaux.


Et le bruit? Est-ce qu’un dérailleur de type 2 aiderait à réduire le bruit?

-Tous les vélos devraient en être équipés!


Côté poids, crois-tu qu’on pourrait ou devrait lui faire subir une cure minceur?

- Il pourrait peser quelques grammes en moins, mais il compense par sa solidité. En plus, ses résultats convaincants en Coupe du Monde démontrent que le poids n’est pas tout.


Est-ce que le fait qu’il ne soit pas en carbone t’a dérangé? Sachant que le modèle en carbone n’est pas beaucoup plus léger.

-Pas du tout. Il est très bien comme ça. Les haubans sont en carbone et le matériau rend le vélo plus rigide, ce qui est plutôt positif. J’imagine que le carbone doit le rendre un peu plus léger. De plus, Steve Smith semble avoir obtenu de bons résultats lorsqu’il a changé pour un vélo tout-carbone vers la fin de la saison 2012. Il a même gagné la dernière étape de la Coupe du Monde de descente en Norvège. >>


FIABILITÉ


Le site Web semble contenir passablement de commentaires sur les freins Avid. Est-ce qu’ils t’ont posé problème?

-Malheureusement, oui! J’ai passé une partie de l’été à les purger. Par contre, j’ai beaucoup aimé l’action des leviers. Disons que j’ai essayé de garder le sourire.


Comment trouves-tu la fiabilité de la fourche et de la suspension?

-Jusqu’à maintenant, ça va bien. Mais, aucune des deux n’a eu à composer avec l’hiver et l’été britannique. Cet été, les conditions dans les Alpes étaient très sèches.


Qu’en est-il du jeu de pédalier?

-Il tient le coup.


Et le passage des câbles? Plus spécifiquement près du tube de direction et du tube de selle?

-Le tout est très élégant et le transfert se fait bien entre le levier et le frein. La peinture a été un peu écaillée près du tube de direction. Je n’ai pas souvent dû changer les câbles, ce qui est bon signe.


Comment as-tu trouvé la transmission? As-tu eu des ajustements à faire?

-Le rapport de cassette très serré fonctionne bien pour les coureurs qui descendent dans de gros sentiers . Reste que pour ceux qui n’utilisent pas les remonte-pentes ou qui aiment rouler dans d’autres genres de sentiers (p. ex. entre les complexes hôteliers dans les Alpes), le pédalage est passablement difficile.


Est-ce que la chaîne offre une bonne rétention?

-Je dirais que oui.


Comment évalues-tu la durabilité et la qualité des roues?

-Les roues sont montées sur des jantes Mavic et des moyeux DT Swiss auxquels je n’ai pas trouvé de défauts. Je les ai réalignées une fois ou deux et, comme mentionné, les jantes sont un peu bossées. Mais grosso modo, elles sont durables.


As-tu changé des composantes?

-Seulement le guidon et la potence. J’ai posé un guidon Production Privee parce qu’il est plus élevé que le guidon original, et une potence PP à montage direct. Mais, je n’ai rien à redire sur le guidon et la potence Truvativ.


LA DYNAMIQUE DU VÉLO


Quelle est ton impression générale du vélo?

-Écoute, il est tout simplement génial. Je dirais même hallucinant. En plus, il a un look d’enfer. J’ai roulé à plusieurs endroits en Grande-Bretagne et dans les Alpes, et ce qui me faisait le plus tripper était de prendre les virages à toute vitesse. Je ne trouve pas les mots pour décrire l’incroyable prise dans les virages de cette bécane. En trois mots : super à rouler.


Quelles sont ses principales qualités?

-Sa vitesse en descente et sa capacité à remporter des courses. Mais au-delà de ça, le plaisir quotidien qu’il pourrait apporter à n’importe quel amateur. Pas besoin d’être un pro pour y trouver son compte. Il est plaisant à rouler, contrairement aux autres vélos de descente de haut niveau. En plus, il est capable de remporter les plus grands honneurs.


Est-ce que tu penses quand même à changer de monture? Est-ce qu’on pourrait lui apporter des améliorations?

- Hmm, la fois où je descendais dans la piste de la mort en Autriche, je me suis dit que ce vélo n’était pas pour moi parce qu’il avait un angle trop prononcé. Mais, après coup j’ai compris que c’était la piste qui était trop abrupte. J’aime beaucoup le Gambler de Scott, mais sincèrement, je serais tout à fait à l’aise à l’idée de garder ce vélo de descente pour la vie!


À quoi ressemble ton quotidien avec ce vélo?

-Je descends une colline, puis je prends le remonte-pente pour remonter encore. En termes de distance, je roule entre 2 et 30 kilomètres. Était-ce le sens de ta question? Est-ce que tu veux en savoir plus sur notre vie intime? Disons, que nous vivons une véritable histoire d’amour!