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13.14.03
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Finale de la coupe du monde Hafjell
2013 donnera sûrement lieu à des luttes épiques.
Finale de la coupe du monde Hafjell
2013 donnera sûrement lieu à des luttes épiques.
Coupe du Monde
Gabe Fox n’a pu cacher son émotion dans la zone d’arrivée en voyant trois de ses coureurs finir sur le podium.
La sainte trinité
Devinci casse le code en Norvège | Depuis une bonne dizaine d’années, on retrouve à peu près toujours les mêmes noms au haut du classement. On fait grand cas des étoiles montantes de la descente, mais excepté Aaron Gwin, qui ne compte que quelques années d’expérience sur le circuit, les deux coureurs les plus présents sur le podium au cours des cinq dernières années sont … Gee Atherton and Greg Minnaar. Si vous demandez à Gee pourquoi cela fait plus de deux ans qu’il n’a pas gagné de course (Windham, 2011), il vous répondra « Tu sais, c’est super difficile de gagner ces courses! » Cette réponse trahit la frustration de se classer constamment dans le top trois sans jamais toutefois remporter de victoire. La course disputée à Hafjell ne présentait pas de grands enjeux : Gwin avait déjà le titre en poche et le reste du classement était pas mal coulé dans le béton. Pour des coureurs de la trempe de Greg et Gee, finir deuxième ou troisième importe peu, puisque seule la victoire compte. De façon formelle, ils vous diront être heureux de monter sur le podium, mais au fond d’eux-mêmes, ils considèrent cela comme un échec car c’est la victoire à tout prix. Ainsi, la dernière course de la saison laissait présager du changement. Comme la majorité des coureurs avaient le sentiment du devoir accompli, les jeunes coureurs, assoiffés de victoires, sentaient que le moment était propice pour en tirer profit et jouer le tout pour le tout. La petite ville montagneuse de Hafjell représentait un territoire inconnu pour le cirque de la Coupe du Monde. Personne sur le circuit n’y avait jamais mis les pieds et peu de coureurs avaient déjà compétitionné en Norvège sur une base régulière. À première vue, le paysage ressemble à la région des lacs en Grande-Bretagne, mais à plus grande échelle. La limite de vitesse de 100 km/h sur les autoroutes est plutôt frustrante. Cette situation rend les déplacements plus lents et contribue au sentiment de l’étendue sauvage.

Le sujet de conversation des équipes au cours des premiers jours? Le fait que le seul resto était une petite pizzeria, que ça prenait un salaire dans les six chiffres pour faire des courses au supermarché ˗ sans parler du prix de la bière. Les gens ont d’ailleurs dû imaginer divers plans B pour le traditionnel party du samedi soir, excepté Mark Maurissen (GT) qui avait rempli le coffre de son camion de bière Duvel. Les semaines précédant la course ont donné lieu à de nombreux échanges sur Internet sur le fait que celle-ci se déroulerait dans un parc de vélo (bikepark), ce qui, aux dires de certains, nuirait à la qualité du sentier. Disons que dans l’entourage des équipes, on se préparait à vivre une certaine déception. Mais, le doute s’est vite dissipé jeudi après-midi quand les coureurs ont pu officiellement parcourir le sentier à pied. Ils ont découvert une très longue première ligne droite remplie de sauts impressionnants. Bref, une piste qui semblait avoir été aménagée par un expert. Une fois passée la section pleine de sauts, on entre dans une forêt qui comporte des sections abruptes et rocheuses avant de se lancer sur des bermes. Tous avaient déjà compris que la piste serait ultrarapide, ce qui, évidemment, faisait leur bonheur. Après avoir négocié ces virages en épingle, les coureurs doivent se mesurer à la portion la plus impressionnante du parcours, qui a retenu l’attention de tout le monde durant la semaine, même si, au final, elle n’a pas joué de rôle majeur. Un saut naturel vers le bas en plein milieu de la piste était LE sujet de conversation dans les tentes des équipes. On se demandait qui l’avait sauté, qui l’avait « casé » ou qui avait choisi de garder contact avec le sol. Lors de l’inspection à pied, les gars de Santa Cruz Syndicate s’accordaient pour dire que c’était moins pire que ça en avait l’air et que, tout homme qui se respecte, se devait de sauter cette section. Au début des pratiques, nous avons tourné des vidéos qui ont rapidement démontré que tout ça n’était que des paroles en l’air.

Personne n’arrivait à accumuler assez de vitesse à la sortie du virage si bien qu’au cours des trente premières minutes, chacun des coureurs roulait, sortait du virage, puis roulait par-dessus la crête arrondie. Tous sauf Eliot Jackson. Eliot et son camarade Bernard Kerr ont acquis une réputation de fanfarons sur le circuit. Bernard est reconnu pour faire des premières descentes suicide en sautant des sections que les autres sont incapables. Eliot est l’un des meilleurs sauteurs du circuit À la sortie du virage, la plupart se laissait aller, alors qu’Eliot pédalait à fond avec un seul but en tête. Rapprochant le guidon de sa poitrine, il s’est élancé au-dessus la pente tout comme Bernard qui le suivait de près. Leur roue arrière a fait un gros bang. Le reste du parcours est constitué d’un incroyable amalgame de sections rocheuses aussi abruptes que techniques et de virages serrés. Nombreux étaient d’avis que c’était la meilleure piste de l’année. Contrairement au reste de la saison, la pratique prenait tout son sens à Hafjell. Comme les coureurs descendent les mêmes pistes année après année, ils ont tendance à faire moins de descentes de pratique plus la saison avance, préférant conserver leur énergie pour la finale. Un gars comme Steve Peat n’a pas vraiment besoin de pratique à Fort William, une piste qu’il connaît par cœur. Mais il en était autrement en Norvège. Les coureurs sont sortis de leur tente pour dévaler la nouvelle piste qui offrait des sections ultra rapides et agréables. Mais, cette situation a mené quelques coureurs à prendre des risques. La section rocheuse très technique a fait une première victime, le meneur de la série Aaron Gwin. Une légère erreur à la sortie de la section l’a propulsé par-dessus le guidon ce qui l’a blessé à la main. Du coup, il ne pouvait plus aspirer aux grands honneurs ni se reprendre après son malheureux incident aux Championnats du Monde. Lors d’une conversation avec lui après les qualifs, il nous a fait part de sa frustration. Étant donné qu'il était concentré à accumuler des points tout au long de la saison, il n’a pu mettre toute la gomme dans une course en particulier. Il voulait justement utiliser cette finale pour mesurer ses performances sans la pression du classement et ne visant que la victoire. Ça fait peur de penser qu’il ne s’est pas donné à fond...

Chaque étape de la Coupe du Monde dure environ une semaine, mais tout ce qui précède le signal sonore du départ n’est que de la préparation. Vous avez beau vous entraîner durant tout l’hiver, avoir le soutien de votre équipe, mais ce qui fait la différence dans le bloc de départ est votre capacité à composer avec la pression. Cette pression, c’est de n’avoir que sept chances pour se démarquer durant toute l’année. Certains excellent sous la pression, comme par exemple Aaron Gwin. Mais avec lui à l’écart, le peloton de chasse avait un autre but que de se contenter de la deuxième position. D’ailleurs, deux des meilleurs coureurs en qualifs, George Brannigan et Robin Wallner, faisaient partie de ce type de coureurs qui semblent crouler sous la pression. Les qualifications et la course sont deux choses bien différentes pour la plupart des coureurs. Comme les qualifications comptent pour 25 % des points au total, elles peuvent faire monter de quelques rangs ceux qui finissent dans le top 10; d’un autre côté, 25 % ne vaut pas le risque de tout donner dans les qualifs. Ceux qui ne font pas partie du top 20 doivent absolument se qualifier pour participer à la course. Même si les points boni ont une certaine valeur, décider d’y aller à fond et risquer une chute, ce qui anéantirait les chances de participer à la course, est un jeu qui n’en vaut pas la chandelle pour la majorité qui essaie de terminer avec un bon classement général. Une logique conventionnelle que Robin et George ont décidé d’ignorer.

George est un coureur plus taciturne que les autres. Il fait sa petite affaire sans ressentir le besoin de crier sur tous les toits. Son objectif durant la saison était la constance. Une fois cet objectif atteint, il a décidé de tout donner lors de la dernière course de la saison. Sa troisième position en qualifs a montré que le jeune Néozélandais possède de la vitesse à revendre. Le Suédois Robin Wallner est aussi reconnu pour sa vélocité, mais pour une raison inconnue, il n’arrivait pas à obtenir de bons résultats en course… jusqu’à ce qu’il prenne part à la dernière. Il a prouvé qu’il pouvait se frotter aux meilleurs en obtenant une deuxième place samedi, même s’il n’était pas complètement satisfait de sa descente. Malgré la pression Steve Smith, meneur après les qualifications , affichait un calme olympien. Favori pour l’emporter, il détenait une confortable avance de quatre secondes sur son plus proche concurrent. Quant à Gee et Greg, 8e et 5e respectivement, il pouvait toujours aspirer au second rang, mais il semblait de plus en plus évident qu’aucun des deux n’avait assez de désir pour l’emporter. Le jour de la course pointait à l’horizon; la pluie avait cessé; la course allait donc se dérouler sans problème. Au cours des dernières saisons, les conditions météo sont devenues une sorte de “running gag”. En effet, la pluie est plus souvent qu’autrement au rendez-vous. Pourtant, 2012 est une anomalie puisque pratiquement chacune des courses a été disputée sous un soleil chaud. Le titre de champion Junior reçoit peu de publicité, même s’il est chaudement disputé entre quelques jeunes coureurs élite. Loic Bruni et Richie Rude sont au coude à coude pour le titre au classement général, les deux se classant régulièrement dans le top 20. Comme aux Championnats du Monde à Leogang, c’est le Français qui a remporté les grands honneurs, concluant une saison de rêve par une autre solide performance. Devenir champion du Monde et remporter la Coupe du Monde la même année est un exploit hors du commun. Tout porte à croire qu’on entendra parler de Loic dans les années à venir.

Nick avait obtenu des résultats impressionnants dans le passé, mais cette année, il avait de la difficulté à se classer parmi les meilleurs. Tout le monde était donc content de le voir faire une bonne descente. Lorsque Gee a pris la tête, avec un temps plus rapide que celui de Steve en qualifs, Smith a commencé à ressentir la pression au haut de la montagne. Minnaar s’est assuré de la deuxième position générale en devançant Atherton. Le classement général maintenant réglé, seule la course importait. Est-ce que “M. constance” (Minnaar) en avait fait assez pour gagner sa deuxième course de l’année? Ou est-ce que l’un des quatre derniers coureurs (Bryceland, Brannigan, Wallner et Smith) en lice allait remporter sa première victoire sur le circuit? Pour battre Minnaar, ils allaient devoir atteindre des niveaux de vitesse et de constance encore inégalés. Premier à s’élancer, Bryceland s’est sorti de la course avec un temps intermédiaire très lent. Brannigan était le prochain et peu s’attendaient à ce qu’il fasse des étincelles. À l’écran, on pouvait admirer la fluidité et le calme de George. Son premier temps était très près de celui de Minnaar; à la mi-course, il avait deux secondes d’avance à la grande surprise de tous; à la ligne d’arrivée, il conservait ses deux secondes, devançant du même coup Gee et Greg sur le podium. Il semblait avoir lui-même du mal à croire qu’il avait devancé deux des meilleurs coureurs au monde. Robin Wallner, quant à lui, a joué de malchance en raison d’ennuis mécaniques. Il a tout de même réussi à égaler son temps des qualifs, mais ses problèmes de frein ont anéanti ses chances de remporter une course de la Coupe du Monde. Le directeur de l’équipe Devinci, Gabe Fox, était maintenant assuré d’une victoire puisque Brannigan était en tête et que seul Smith pouvait le déloger. Stevie a descendu plus rapidement la première portion que tous les autres concurrrents, ce qui lui a valu une avance de deux secondes. Mais, il a perdu la moitié de cette avance en raison de la vitesse de Brannigan dans la deuxième portion du parcours. La course allait se décider au tout dernier instant. Au moment où Stevie a pris le dernier saut et à commencer à sprinter vers la ligne d’arrivée, il était nez à nez avec son coéquipier. Grâce à un dernier effort désespéré, Steve Smith a franchi la ligne d’arrivée avec 0.40 s. d’avance, ce qui lui a permis de signer sa première victoire en Coupe du Monde! La saison a pris fin avec éclat et déception. Gwinny n’a même pas couru, et ni Gee ni Greg n’ont pu brouiller les cartes. Ce n’était pas le genre de finale auquel les amateurs s’attendaient, et pourtant, le fait d’avoir un premier gagnant et une équipe qui écrivait une page d’histoire s’est avéré plus qu’approprié. Stevie Smith a finalement réussi à monter sur le podium de façon constante, ce tout le monde attendait de lui depuis des années; et George Brannigan a presque gagné la course, dans ce qui a été son premier podium à vie. Gabe Fox n’a pu cacher son émotion dans la zone d’arrivée en voyant trois de ses coureurs finir sur le podium. Cela faisait foi de son incroyable investissement personnel dans l’équipe. Règle générale, les directeurs d’équipe préfèrent opérer en coulisse pour laisser toute la place aux coureurs, par souci de professionnalisme. De voir Gabe aussi ému par tout ce qui se passait amenait un vent de fraîcheur. Quand au reste du top cinq, les coureurs étaient soulagés d’avoir survécu à Hafjell. Gee et Greg ont terminé au même rang que la semaine précédente, tandis que Gwinny a de nouveau terminé sa saison sur une note frustrante. Sam Hill a prouvé qu’il reprenait tranquillement du poil de la bête en terminant dans le top cinq au classement général, sans toutefois avoir obtenu de résultats exceptionnels. Avec Sam de retour, Stevie sorti de sa coquille, et Aaron, Greg et Gee qui ne montrent aucun signe de ralentissement, 2013 donnera sûrement lieu à des luttes épiques.
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